Rav Yehouda Leib Matusof
Rav Yehouda Leib Matusof est né en 1952 à Casablanca, au Maroc.
Ses parents, Rav et Mme Shlomo Matusof, venaient d’arriver en 1950 de France, où ils étaient arrivés de Russie.
Ils s’installaient au Maroc sur instruction du Rabbi de Loubavitch, pour y fonder et diriger les Institutions Loubavitch, avec plus de 70 établissements scolaires.
A treize ans il part étudier en France à la Yéchiva (école Rabbinique et Talmudique) de Brunoy, dans la région Parisienne. A l’âge de dix-sept ans il part continuer ses études à New York à la Yeshiva Loubavitch centrale. Il fera également un an d’études en Israël, à la Yéchiva de Kfar Habad.
Diplômé Rabbin, il revient alors à Brunoy pour accompagner les élèves plus jeunes, et enseigner aux nombreux étudiants d’université qui fréquentaient parfois la Yeshiva.
Avec ses collègues jeunes Rabbins Loubavitch, il voyage régulièrement dans les communautés de la région Parisienne et de Province pour aider les juifs et propager l’enseignement de la Torah et la pratique des Mitsvot. Il visitera notamment la communauté de Cannes en août 1974, et y donnera des cours de Torah.
A l’âge de 25 ans il se marie avec Tscherna Pinson. Ses parents, le Rav et Mme Nissan Pinson, sont les délégués du mouvement Loubavitch en Tunisie. Le mariage à lieu à New York, et le jeune couple recevra une bénédiction particulière du Rabbi de Loubavitch.
Après quelques mois dans l’enseignement à Brooklyn, ils partent à leur tour en mission en France, en 1978. Ils sont nommés délégués Loubavitch à Nancy et Metz.
Là ils fondent, avec la Communauté locale, le Gan Yéladim de Nancy. Ils organisent des cours, des centres aérés, et de nombreuses activités. En 1985 ils s’installent à Metz, tout en continuant leurs actions à Nancy. Là, ils prennent une part active au développement de l’école juive de Metz.
En 1989, avec la bénédiction du Rabbi, ils déménagent à Cannes, avec leurs cinq enfants. La sixième et dernière naîtra à Cannes.
A Cannes
A la fin des années 80, la population juive cannoise augmente d’une façon exponentielle. Depuis quelques années déjà, la ville disposait d’une solide réputation chez les Juifs parisiens ou étrangers qui venaient volontiers y passer des vacances. Certains y avaient déjà acheté une résidence secondaire pour en profiter en saison estivale. Mais, séduits par la douceur de vivre, le soleil, la mer, le climat et l’ambiance de leur enfance sur les plages méditerranéennes en Afrique du Nord ils ont décidé de s’y installer, souvent à leur retraite.
Cet accroissement de la population juive à Cannes fait ressentir le besoin d’un nouveau dynamisme dans la communauté. C’est là qu’à la demande de nombreux membres de la communauté cannoise, l’organisation Habad Loubavitch délègue en 1989 à Cannes le Rabbin Yehouda-Leib Matusof afin d'y ouvrir un nouveau centre Cultuel, Culturel, et une école Juive.
Plusieurs familles notables de la communauté cannoise s’impliquent dans la création de cette nouvelle structure communautaire. On peut citer, parmi d’autres, les familles Lecain, Sayegh, Teboul, Merker, Sassi, Siteboun, Herzsko, Achache, Cosnac, Seroussi, Salanic, Rebibo, Banon, Abitbol et Fedida. Le président de l’A.C.I., Maître Jacques Bibas, soutiendra fortement cette initiative.
L’objectif était aussi d’augmenter l’offre des activités culturelles : réunions, repas « Chabbatiques », concerts, expositions, soirées communautaires, réunions féminines, etc. Cannes étant une ville internationale, il lui fallait aussi offrir un accueil adapté aux Juifs anglophones, a congressistes, festivaliers et touristes.
Dès son arrivée, le Rabbin Yehouda-Leib Matusof pose les fondations de ce nouveau « pôle » juif, au numéro 22 de la rue Commandant Vidal, à l’angle du boulevard de Lorraine. Le maire de Cannes Anne-Marie Dupuy ainsi que son successeur Michel Mouillot (élu en mars 1989) ont activement soutenu la création du Centre Habad Loubavitch et de l’Ecole Juive.
L’association d’abord nommée « Habad Loubavitch Cannes » va par la suite se doter également de l’intitulé « Association Cultuelle du Judaïsme du Bassin Cannois ».
La Synagogue au 22 rue Commandant Vidal
La nouvelle Synagogue partage les locaux avec l’Ecole Juive naissante, au premier étage du 22 rue Commandant Vidal.
A savoir que le rez-de-chaussée est alors occupé par le commissariat de Police de Cannes-Est. Quoi de plus sécurisant pour un lieu communautaire juif que d’être situé au-dessus d’un commissariat… Ce n’est que quelques années plus tard, en 1995, à la construction du grand commissariat au 1, avenue de Grasse que la Police y regroupera ses services et quittera les locaux de la rue Commandant Vidal, aussitôt récupérés pour agrandir l’Ecole Juive.
Les premiers travaux de la Synagogue dans le nouveau Centre de la rue Commandant Vidal sont financés par un philanthrope américain, figure de la vie mondaine Cannoise, Ephie Propp.
Lorsque les membres de la nouvelle association signent le bail de location, il ne se doutent pas de l’histoire de cet immeuble. C’est une ancienne voisine, Régine Barbarin, née en 1918, couturière pendant la guerre qui l’a raconté aux nouveaux locataires. « Savez-vous que pendant la guerre, des Juifs qui étaient arrêtés à Cannes étaient amenés dans ce commissariat avant d’être transférés aux Allemands. J’ai moi-même assisté à des arrivées de pauvres innocents…. Mon Dieu, ils ne savaient pas ce qui allait advenir d’eux. J’en tremble encore ! »
L ' Histoire prend des chemins parfois inattendus…
L’Ecole Juive de Cannes
En fait, les prémices d’une école juive avaient été posés dès 1987 par le Rabbin Yossef Cohen sous l’impulsion du Rabbin Yossef Pinson du mouvement Loubavitch de Nice.
Il avait commencé à réunir quelques enfants au 15 boulevard d’Alsace dans un local mis à disposition par la famille Ouayoun, propriétaire de l’hôtel Acapulco.
L’ouverture officielle de l’école se déroule à la rue Commandant Vidal pour la rentrée scolaire de septembre 1989. Elle débute avec une classe de maternelle de quatre enfants sous la direction de Tscherna Matusof épaulée par Josette Teboul.
Au cours même de la première année scolaire, de nouvelles familles vont inscrire leurs enfants et les effectifs augmentent rapidement.
L’école juive est alors un apport important pour la communauté juive cannoise. On y enseigne les programmes de l’Education Nationale mais elle permet de pérenniser la transmission de la Torah et l’enseignement du judaïsme.
A partir de 1996, pour faire face à la demande, elle doit absolument s’agrandir. Avec une trentaine d’enfants elle était arrivée à saturation pour assurer correctement l’enseignement. Pour ce faire, elle reprend les anciens locaux du commissariat de police de Cannes-Est, au rez-de-chaussée du 22 rue Commandant Vidal. L’espace est alors entièrement repensé et réhabilité par l’architecte Frédéric Slama. L’inauguration a lieu le 2 novembre 1997 en présence de nombreuses personnalités.
Cet élan de progression n’était qu’un début… à la maternelle sont venues s’ajouter plusieurs classes de primaire. Et, l’école passe alors sous contrat avec l’Etat, et est reconnu par l’Académie comme un établissement pédagogique de grande qualité.
Les années 2000
Un nouveau tournant dans l’histoire de la communauté Cannoise va s’opérer dès le début des années 2000, avec l’arrivée de Rav Mendel Matusof aux côtés de son père.
Les structures communautaires vont s’agrandir : En 2006, grâce à l’aide de la famille Dagul de Londres, l’Ecole Juive s’installera dans un nouveau bâtiment de 1200 m² au 22 rue Louis Nouveau. Un collège juif va ouvrir en 2010. Et, les années suivantes, l’Ecole accueillera plus de 200 élèves.
Pour faire face à la demande, des Synagogues seront créées dans tout l’ouest de la Côte d’Azur : à St Tropez en 2004, à Fréjus-St Raphaël en 2008, à Mandelieu-la-Napoule en 2009, a u Cannet en 2014, puis d'autres dans les années suivantes.
Un Rabbinat (« Beth Din » - organisme qui notamment certifie les établissements Cacher) sera fondé en 2011, ce qui permettra l’installation de nouveaux commerces et restaurants Cacher à Cannes.
Ce développement pérennise la pratique du Judaïsme à Cannes et dans sa région, tout en étant intégré dans la cité.
D’ailleurs ne dit-on pas que la vie commence et se finit par des valeurs : c’est parce que le Peuple Juif ne l’a jamais oublié qu’il n’a jamais disparu, et qu’il a prospéré à travers les âges…